Portulan
Portulan* est un ensemble de cartes qui abordent la représentation de la terre, des mers, par strates.
Par la juxtaposition de ces cartes nous accédons à une autre forme d'appréciation de l'espace, une épaisseur en plus dans laquelle fourmille, grouille un monde géologique, reptilien, archaïque. Comme si la terre, vivante, s'ouvrait enfin. Avalant dans sa dérive un équipage dont l'échelle infime se perd.
Microcosme et macrocosme s'enlacent. Les échelles se fondent et le mélange des traits nous laissent face à une composition en spirale, nous appelant à rejoindre son centre.
Portulan est une invitation à plonger dans les profondeurs de notre mémoire. Notre mémoire commune & oubliée. Elle ne relate pas seulement l'histoire d'un naufrage, mais de tous les naufrages. À tous ces naufrages dont nous n'entendrons jamais l'histoire, à ces épaisseurs de sables et de sédiments qui se déposent à l'infini.
PORTULAN* est un ensemble de cartes subjectives retraçant le naufrage d’un baleinier, l’Essex, puis la dérive de son équipage dans le Pacifique en 1820.
Derrière cette histoire sombre, fragmentée, c’est avant tout l’image d’un monde humain qui se heurte au vivant. La nature y est forte, puissante, vibrante. C’est elle qui donne la mesure par le vertige de ses perspectives.
La perte de contrôle est totale, l’orientation n’est plus, seule reste l’épreuve humaine rythmée par les jours & les rations alimentaires.
* Apparus au XIIIème siècle en Occident dans un contexte d’essor du commerce maritime, les portulans étaient à l’origine des cartes nautiques, peu précises. Les portulans sont à la fois des textes décrivant les côtes et les ports et des cartes nautiques peintes sur parchemin, avec le repérage des îles, des abris et des amers qui permettent de reconnaître un rivage.
Ouvrage de référence : La véritable histoire de Moby Dick par Nathaniel Philbrick
Par un jeu propre à l’impression en taille-douce, neuf matrices gravées sur la trame du marteloire* constituent le vocabulaire de base pour composer l’ensemble de la dérive de l’équipage. Ainsi, comme tout alphabet, ces modules peuvent composer un nombre important de combinaisons.
Ci-dessus, exemple de marteloire.